Apprendre à son chiot à ne pas mordre

Apprendre à son chiot à ne pas mordre est souvent simple si le chiot a appris de bonnes bases lorsqu’il arrive chez-vous et c’est le cas d’une majorité de chiots. Parfois, c’est plus compliqué.

Lorsque vous avez un chien, c’est vraiment ce qui compte le plus : maîtriser la force de sa mâchoire lorsque ses crocs sont en contact avec de la peau et être réticent à saisir de la gueule les membres du corps humain, et d’autres êtres vivants qui font partie de votre vie quotidienne…. dans la plupart des contextes y compris ceux qui sortent un peu de l’ordinaire.

Dans le monde canin, on évoque ces indispensables compétences, qui vont de pair, avec les mots inhibition et contrôle.

L’inhibition de la morsure

L’immense majorité des chiots ont appris à ne pas mordre trop fort avant l’âge de 8 semaines.
Les bases cruciales sont acquises avant que votre chiot n’entre dans votre vie

L’inhibition de la morsure chez un chien est la maîtrise de la pression exercée avec sa mâchoire, lorsqu’il prend quelque chose dans la gueule.

Les chiens ne naissent pas inoffensifs parce qu’ils sont nos meilleurs amis. Ils sont faits pour le devenir.

Imaginez une espèce de « parcours de formation ». On pourrait le décrire, pour ce qui est d’apprendre à ne pas mordre (bien sûr, il se passe d’autres choses importantes en cours de route), de la façon suivante :

   ça commence un peu quand les dents poussent (généralement à la 3e semaine)
   le cœur de la formation se déroule entre la 4e et la 6e semaine : période pendant laquelle les frères et sœurs jouent un rôle majeur.
   ça se termine dans la 7e semaine.

Pour une majorité de spécialistes, actuellement, au-delà de la 7e semaine, apprendre les rudiments pour savoir être un chien n’est plus possible.

Dans le fond, ce qu’ils apprennent pour savoir être des chiens, c’est qu’il vaut mieux vivre en paix et que certains comportements compromettent la paix.
Comment les chiots apprennent à ne pas mordre trop fort

Ce sont donc surtout les autres chiots de la portée, mais aussi la mère des chiots, qui se chargent d’apprendre à votre futur chiot à ne pas mordre trop fort : ceci ne peut vraiment bien s’apprendre qu’entre chiens.

Le tout petit chiot apprend déjà (vite) qu’un comportement peut avoir une bonne ou une mauvaise conséquence pour lui. Si la conséquence est bonne, il va le refaire. Si la conséquence est mauvaise, il ne va plus le refaire. Le chiot joue avec ses frères et sœurs et ils utilisent leurs crocs. Vu les dents qu’ils ont déjà, les chiots très jeunes peuvent faire mal. Du coup, le chiot se rend compte qu’une certaine pression a de mauvaises conséquences : mordre trop fort fait s’arrêter le jeu car un chiot qui a eu un peu mal couine et s’éloigne !

Un chien maîtrisant très bien cette partie de son corps, capable d’infliger de graves blessures, n’est donc pas un gentil chien. C’est un animal qui a d’abord pu acquérir certaines bases.

Pourquoi il faut nous en préoccuper avant même d’acheter un chiot

Certains éléments sont particulièrement favorables pour que les chiots apprennent l’inhibition de la morsure.

Le comportement qui de bonnes conséquences pour le chiot, en jouant « en famille canine », est donc de maîtriser la force avec laquelle il saisit les autres chiots, sa mère et d’éventuels autres chiens adultes présents dans son quotidien, pendant ses premières semaines de vie.

Pour vraiment bien apprendre cette inhibition de la morsure, il faut tout de même un certain nombre de frères et sœurs. Le nombre de chiots par portée dépend de plusieurs facteurs, la chienne elle-même, son âge, la race… bref, il y a des toutes petites portées et des portées plus grandes ! Il a été observé que les chiots apprennent mieux dans ces dernières. Pas de panique si votre chiot vient d’une toute petite portée ; il peut apprendre quand même.

Disons que les portées plus nombreuses représentent un cadre plus favorable à cet apprentissage (et à l’apprentissage de la communication entre chiens d’une façon plus générale).

Et puis il faut une mère compétente. Ou alors, à défaut, un chien adulte qui va réguler les jeux. C’est une bonne chose que de voir réagir plus intensément un chien adulte avec un chiot pour dire « ça suffit » (sans, bien sûr, lui faire réellement mal ou l’effrayer). Donc à défaut d’une bonne maman, ou bien présent(s) sur les lieux où les chiots grandissent avec leur maman, le ou les chiens adultes doivent être des chiens sociables et bien dans leur tête.

N’oublions pas que les chiots apprennent d’autres choses importantes outre la maîtrise de leur mâchoire : entre la 5e et 6e semaine notamment, tout en apprenant à être des chiens, les chiots apprennent que les humains sont sympas et éventuellement que d’autres espèces sont sympas (par exemple, c’est le bon moment pour interagir avec un chat sociable et ne pas considérer les chats comme des proies à pourchasser ou en avoir peur).

L’éleveur a donc un rôle important à jouer.

Alors comme nous voulons être en mesure de consolider de bonnes bases avec nos chiots, mieux vaut ne pas acquérir un chiot n’importe où vite fait, bien fait « pour pas cher »… sans même visiter l’élevage… etc. Non, ce n’est pas fréquent qu’un chiot n’ait pas acquis l’inhibition de la morsure avant l’âge fatidique, mais bien choisir son éleveur est vraiment très important.

Tout… mais pas ça !

Un chien qui n’a pas appris l’inhibition de la morsure avant qu’il ne soit trop tard fréquente bien plus les vétérinaires que les éducateurs canins.
Pas ou peu d’inhibition est un très grave problème

Vous n’entendez ou lisez sans doute pas souvent « c’est très grave » pour un chien de ne pas avoir appris ceci ou cela… parce que les chiens apprennent tout au long de leur vie tellement de choses !

Toutefois, ne pas avoir appris cette fameuse inhibition de la morsure en temps et en heure est très grave pour un chien.

D’une part, il ne peut plus l’apprendre. D’autre part, de toute évidence, les problèmes que cela entraîne sont de sérieux problèmes de sécurité. Ajoutons que l’éducation (une fois n’est pas coutume !) ne peut pas y changer grand-chose et le plus souvent, elle n’y peut plus rien.

Je modère mes propos parce que ça dépend à quel point c’est mal acquis. Néanmoins les solutions, on va les trouver essentiellement chez les vétérinaires. Avec un chien qui n’a pas d’inhibition ou très peu, les éducateurs vous aident à éviter les incidents.

Une vie très difficile pour un chien, parfois abrégée,  bref… c’est réellement gravissime.

 

Revenons à la normalité des choses

Vous accueillez un chiot âgé de 8 semaines qui a les bonnes bases, puis vous peaufinez ces bases avec votre chiot jusqu’à l’âge de 4 mois. L’évolution du cerveau du chiot fait que ça n’est plus possible après de peaufiner. Le plus souvent, si ça n’est pas fait, il est nécessaire de se faire aider ; c’est une tout autre paire de manches mais avec de bonnes bases, vous pouvez rester optimiste.

Ceci dit, globalement (ça peut être un plus tard), les chiots ont leurs dents définitives vers l’âge de 3 mois et ça commence à faire vraiment mal si on n’a pas déjà pu apprendre à son chiot à ne pas mordre ou mordiller fort et puis surtout, à 3 mois, un rideau commence à tomber : c’est le début de la fin de la période idéale pour rendre un chiot sociable.

Apprendre à son chiot à ne pas mordre : à vous de jouer

La compétence apprise entre chiens va permettre à nos chiens de vivre en paix avec nous aussi. Nous avons toutefois un rôle important à jouer pour consolider les bases ! Avec des chiots d’excellente provenance, ça va vite mais il y a certaines choses à faire et ne pas faire.

Ce qu’il ne faut pas faire

   Si votre chiot n’a jamais l’occasion d’un contact entre ses crocs et votre peau, il ne peut pas apprendre quand c’est trop fort ou pas. Ce qu’il faut véritablement apprendre, c’est quelle est la bonne pression à exercer. Sans aucun contact, ce n’est pas possible d’apprendre.
   Ce n’est pas la peine de répliquer. Souvenez-vous que les chiots qui ont mal, à cause d’un frère ou une sœur qui saisit trop fort, couinent et s’éloignent. Le jeu s’arrête. Ils n’envoient pas des coups, ne font pas la tête pendant des heures à un chiot mis à l’isolement, n’attrapent pas par la peau du cou pour secouer le chiot trop virulent (la mère ne fait pas ça non plus, sinon c’est qu’elle a un sérieux problème) et ils ne forcent pas non plus un chiot à se retourner sur le dos (les animaux qui font ça, le font d’eux-mêmes). Oubliez les gestes brusques qui n’apprennent pas à votre chiot à ne pas mordre. Ils ne lui apprennent qu’une chose : il faut se méfier de vous.
   En outre, un chiot qui ne fait que s’inhiber parce qu’il craint que quelque chose de mauvais ne lui arrive, n’apprend pas à ne pas mordre ou mordiller et le jour où ce ne sera plus pour jouer mais pour se défendre, il va mordre et il va mordre trop fort.

Ce qu’il faut faire

Aïe ! C’est bien que votre chiot comprenne quand il vous fait mal mais n’oubliez pas de lui faire comprendre aussi quand il ne vous fait pas mal.

Il est utile de crier votre douleur quand votre chiot vous fait mal et d’arrêter de jouer quelques instants. Mais il faut, en parallèle, lui montrer quel comportement convient.

C’est aussi très important d’apprendre à son chiot que ne pas faire mal est le comportement qui a de bonnes conséquences.

Il suffit d’exprimer votre douleur si votre chiot mordille ou mord trop fort et en parallèle, de le féliciter pour ne pas avoir serré. Utilisez le même mot pour cette félicitation et votre chiot comprendra encore plus vite (oui, bravo, super… choisissez ce qui est le plus naturel pour vous et ne changez plus).

Pour réussir, tenez compte de son seuil d’excitation : à partir de quand votre chiot est trop excité pour bien se maîtriser ? Par exemple, s’il s’avère que c’est un peu difficile, jouez avec votre chiot quand il revient de promenade. Vous offrez à votre chiot calme parce que fatigué, des circonstances plus propices à cet apprentissage !

Ne pas avoir suffisamment d’activité physique n’aide pas à se contrôler.

Il faut des jouets à mâchouiller pour votre chiot. Et c’est bien d’en avoir toujours un ou deux rapidement sous la main pour ces moments où il se mettrait éventuellement à essayer de vous saisir : vous lui faites passer le message qu’il y a mieux à saisir que des parties de votre corps.

Pendant les jeux, prenez l’habitude de caresser votre chiot de temps en temps quand il a un jouet dans la gueule (en train de tirer ou bien quand vous récupérez un jouet, etc.). Et utilisez votre main de temps en temps pour faire ces choses que l’on fait sans s’en rendre compte quand on joue avec son chien – par exemple, tout bêtement poser la main sur son poitrail pour le retenir deux secondes le temps de ramasser un jouet à lancer – et votre chiot va grandir en sachant quoi saisir (les jouets et pas vos mains) même dans le feu de l’action.

Quand c’est plus compliqué qu’on ne le pensait

En général, apprendre à son chiot à ne pas mordre est plus compliqué que prévu quand :

   votre chiot vous mordille alors que vous voulez le caresser : tendez-lui d’abord une friandise puis caressez-le quand il la mange (voire une série de friandises) : il ne peut plus vous attraper (puisqu’il mange) et vous l’habituez à être touché (c’est agréable) mais une fois de plus, attention de ne pas faire ce genre de choses avec un chiot trop excité sinon, c’est raté.
   votre chiot vous mordille à tout moment si vous bougez les mains (ou les pieds) : rangez-les dans un placard… non, je plaisante ; ne les agitez pas trop, surtout trop près de lui, et surtout quand c’est bientôt l’heure de se dépenser (les moments critiques sont assez souvent après une bonne sieste, avant ou après manger, avant la promenade).
   vous jouez trop à la bagarre (ou juste trop avec les mains, et pas assez avec des jouets) : chacun fait ce qu’il veut ; je suis plutôt réticente aux corps à corps avec les chiens. Parce qu’ils jouent avec leurs crocs et nous, nous voulons justement leur apprendre à ne pas s’en servir sur nous. Il y a des chiens plus compétents que d’autres pour ça. Avec un chiot, privilégiez les jouets, ne le « tentez » pas plus que de raison et, lorsqu’il aura développé de bonnes compétences, vous connaîtrez ses limites. Vous jouerez comme vous voudrez mais en les respectant.

Il se peut que votre chiot n’ait pas des bases solides pour l’inhibition de la morsure. Ne paniquez pas trop vite. N’attendez pas la perfection tout de suite. Vous pouvez progressivement l’amener à s’adoucir en exprimant votre douleur au bon moment et en manifestant votre satisfaction au bon moment.

Enfin, on peut parfois douter que ce soit réellement toujours du jeu, notamment avec des chiots très rapides à saisir, qui saisissent fort depuis le début, et absolument rien ne change en 1 mois. Prenez rendez-vous chez le vétérinaire. S’il y a vraiment un problème d’inhibition, obtenez ensuite l’avis d’un bon éducateur canin.

Le contrôle de soi

Une surprise, une petite frayeur, un truc inhabituel ? Un chien qui se contrôle ne réagit pas par la morsure.

Vivre avec un chien réticent à mordre

Un chien qui « s’inhibe de la mâchoire » maîtrise la pression qu’il exerce sur tout un tas de choses et surtout sur la peau des êtres humains, des chiens et éventuellement d’autres animaux auxquels il est familiarisé.

Un certain contrôle de soi permet à ce chien de ne pas avoir recours à cette partie de son corps sauf en tout dernier recours.

Un chien qui se contrôle est réticent à utiliser sa gueule. Ce qui nous intéresse essentiellement pour ce qui est d’apprendre à son chiot à ne pas mordre, c’est l’agression à cause de la peur.

Au quotidien, dans la plupart des situations même quand elles sortent un peu de l’ordinaire, saisir de la peau n’est pas une option. Mais aussi (et surtout dirais-je), en cas de surprise voire de peur soudaine, saisir de la peau n’est toujours pas une option.

On peut dire que lorsque le chien ne sait pas immédiatement quoi faire en réponse à un événement quelconque ou si les règles de la bienséance canine sont subitement brisées, votre chien qui sait se contrôler n’utilise pas sa gueule.

C’est inscrit dans tout son système ; ce n’est pas réfléchi, d’autant plus que nous parlons ici de réactions qui prennent une fraction de seconde. Quand un chien a peur, il se passe des tas de choses dans son corps. Les hormones et tout ça… ça ne se contrôle pas ! Quand ses comportements sont basés sur l’inhibition de la morsure et le contrôle de ses pulsions, ce qui se passe dans le corps du chien ne le fait pas mordre.
Comment avoir un gentil chien

Vous avez compris le mécanisme, vous pouvez dire « gentil chien »

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