Les vaccins sont-ils obligatoires ?

Depuis 2011, le Comité des Directives de Vaccination de l’Association Vétérinaire des Petits Animaux (de compagnie) WSAVA (World Small Animal Veterinary Association) recommande de vacciner les chiens et les chats, en fonction du pays concerné, de ses contraintes économiques et sanitaires et des conditions locales de détention des animaux de compagnie. 
 

Quels sont en réalité les vaccins obligatoires et ceux qui sont recommandés en France ? 

Pourquoi vacciner les chiens et chats ? 

Comme chez l’humain, la vaccination permet de minimiser l’apparition de maladies infectieuses en procurant une « immunité collective », suffisante notamment pour éviter la réapparition de maladies éradiquées ou la propagation et les épidémies pour celles qui n’ont pas disparu.
Les recommandations actuelles se basent sur la médecine vétérinaire factuelle, c’est-à-dire celle qui s’appuie sur les faits ou les preuves (Evidence Based Medicine). Cette médecine recommande donc un certain nombre de vaccins essentiels pour nos chiens et chats. D’autre part, et leur vaccination y contribue, il est primordial d’éviter les nouvelles maladies émergentes en médecine humaine supposées être issues de sources animales notamment domestiques.

Quels sont les vaccins essentiels ? 

Ce seront ceux qui protègent de maladies graves et souvent mortelles.
Pour le chien, il s’agit de ceux contre le virus de la maladie de carré (CVD pour Canine Distemper Virus), contre l’adénovirus canin et le Parvovirus (type 2) responsable de la Parvovirose.
Pour le chat, ce sont ceux également contre la parvovirose féline (Parvovirus), contre la panleucopénie féline (Typhus), le Calicivirus félin et l’Herpès virus félin. 
Pour les deux espèces, il est également fortement recommandé de vacciner contre le virus de la rage (Lyssavirus de la famille des Rhabdoviridae) car cette maladie a tendance à resurgir, notamment lorsque de bonnes âmes ramènent des chiots mal en point et contaminés de pays non exempts…

Quels sont les vaccins obligatoires ? 

En France, les vaccins sont obligatoires lors de la cession ou de la vente d’un chien de compagnie dans un seul cas : contre la rage. La loi oblige en effet les propriétaires à vacciner leur chien contre la rage, lorsqu’il est de catégorie 1 ou 2, considéré comme dangereux, donc potentiellement vecteur de la rage avec plus de chance (risque ?) que les autres d’infliger des morsures !
Il faudra d’ailleurs pouvoir fournir le certificat de vaccination antirabique en cours de validité sur demande des autorités.
Pour pouvoir justifier de la vaccination contre la rage, vos chiens (et vos chats) doivent au préalable être identifiés par un tatouage ou au moyen d’une puce électronique. Cette vaccination sera inscrite dans le passeport européen de l’animal délivré par le vétérinaire.

Le vaccin contre la rage est également nécessaire pour voyager hors de nos frontières avec son chien ou son chat. 

Enfin, outre le cadre légal, les vaccins essentiels vous sont en général imposés si vous séjournez en camping avec votre animal, ou si vous devez le laisser en pension pendant vos vacances ou même pour un très court séjour.

Quels sont les protocoles de vaccinations pratiqués en France ? 

Généralement la première vaccination, ou primovaccination, était pratiquée dès les 2 mois de l’animal, avec un rappel un mois plus tard. Puis les rappels étaient effectués une fois par an. Mais certains protocoles de vaccination moins fréquente commencent à apparaître, en fonction du type de vaccin utilisé pour la maladie, car leur efficacité a augmenté ou a prouvé qu’elle durait plus longtemps que prévu.
La recommandation actuelle est de pratiquer des doses multiples en primo-vaccination, les dernières injections devant se situer aux alentours des 16 semaines d’âge, pour tenir compte des nouvelles données concernant la puissance des anticorps maternels (ACM). Elles sont suivies d’un premier rappel entre l’âge de 6 et 12 mois.
Certaines valences de vaccins ont montré qu’elles protégeaient jusqu’à une durée de trois ou quatre ans le chien ou le chat vacciné : La recommandation internationale est donc de vacciner en utilisant tous les vaccins essentiels mais pas inutilement ou trop fréquemment.
Certaines zones à risque en revanche ou la pratique de la chasse impose parfois une protection plus fréquemment renouvelée contre les maladies mortelles (leptospirose), même quand le vaccin n’en protège pas à 100%.
Quand votre animal vieillit, il est aussi important de continuer à le vacciner puisque ses défenses immunitaires faiblissent avec l’âge. Elle doit être réalisée en fonction de son âge, de la zone géographique où vous résidez ou en fonction de l’endroit de vos vacances…

Le vaccin peut être inefficace s’il est pratiqué trop tôt 

Dès huit semaines (deux mois) le chiot ou le chaton peuvent fabriquer des anticorps, la vaccination est donc possible mais la réponse immunitaire (la fabrication de ces anticorps) pas forcément immédiate à cause du niveau d’immunité déjà transmise par la mère. En effet, les anticorps d’origine maternelle ACM peuvent interférer de manière importante avec la production des propres anticorps du chiot ou du chaton sous l’effet des vaccinations.

Chez la plupart des chiots, les ACM auront disparu à l’âge de 8-12 semaines de façon à permettre une vaccination efficace. 

En collectivité, c’est-à-dire dans le cadre de l’élevage, les risques sont plus importants : si le vaccin est pratiqué sans effet immédiat, la responsabilité de l’éleveur peut être engagée lorsque l’animal est atteint par la maladie dont il était censé être protégés.

Cela explique que certains chatons placés peu après 8 semaines soient vaccinés, d’autres non. 

Les chiots ou chatons avec peu d’ACM sont plus vulnérables, mais aussi susceptibles d’être vaccinés (avec efficacité) plus jeunes, tandis que d’autres peuvent avoir une immunité maternelle tellement haute, qu’il ne sera intéressant de les vacciner qu’après 12 semaines. Aucune règle de primovaccination ne sera donc adaptée à toutes les situations.

A propos des polémiques actuelles sur les vaccinations qualifiées d’inutiles 

Aujourd’hui, comme pour l’être humain, les conclusions sont toujours qu’il y a beaucoup plus de danger à ne pas vacciner qu’à le faire. 
C’est dans tous les cas la fiche du produit vaccinal ou RCP qui énonce les caractéristiques d’un vaccin précis et donc la fréquence requise des vaccinations. Elle donne les détails de qualité, de sécurité, d’efficacité, et la durée minimale d’immunité (DDI) établie du vaccin. Jusqu’ici, la plupart des vaccins pour animaux de compagnie avaient une DDI minimale d’un an et étaient donc recommandés pour une revaccination annuelle. Lorsque le fabricant n’a pas modifié les recommandations ou même les étiquettes sur le flacon du vaccin ou lorsque les autorités de santé qui énoncent les règles n’ont pas permis ces changements, le praticien est malheureusement contraint de revacciner tous les ans. 
Cette situation malheureuse est source de confusion pour les propriétaires et les vétérinaires. Ce n’est donc pas la peine d’accuser votre vétérinaire d’intentions malveillantes uniquement centrées sur ses finances car il est tenu d’appliquer ces règles, faute de quoi, il pourrait être poursuivi et sa responsabilité se verrait engagée !

Aujourd’hui, certains vaccins autorisent les praticiens à une fréquence moins grande avec des DDI de 3 voire 4 ans, parlez-en avec lui !

S’il a votre consentement éclairé (écrit et signé) pour une déviation des règles, c’est-à-dire une utilisation « hors indication », la fréquence du vaccin peut être adaptée à la réalité scientifique de l’efficacité du produit. Néanmoins, il s’agit d’individus vivants et il n’est pas garanti que vos chiens et chats réagissent toujours comme il est écrit sur les notices.
A contrario, il n’est pas possible d’induire une meilleure immunité à un animal en le vaccinant plus fréquemment que la recommandation, par exemple un chien qui reçoit un vaccin (avec DDI de 3 ans) tous les 3 ans sera aussi protégé que s’il est vacciné annuellement.

Sites d’injections et autres détails… importants 

Sachant que la forme et les techniques d’injection des vaccins se sont considérablement affinées et les vaccins améliorés, il est possible de limiter de façon quasi systématique l’apparition d’aléa plus ou moins graves :
  • comme les soucis de fibrosarcome chez le chat, par exemple en changeant le site d’injection (vaccin effectué au niveau de la cuisse par exemple) ;
  • comme les problèmes d’agressivité déclenchés par la contrainte notamment avec des vaccins par voie orale (contre Bordetella bronchiseptica responsable de la maladie de la toux de chenil)
Pour valider le niveau d’immunité de votre animal, et vérifier la pertinence d’un rappel de vaccination, des kits de tests sérologiques sont disponibles chez votre vétérinaire, mais ces kits restent chers et leur coût reste aujourd’hui plus élevé qu’une dose de vaccin.
Muriel ALNOT, vétérinaire pour Le Groupe La Compagnie des Animaux
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