Le syndrome HyperSensibilité/Activité du chien.

 » J’ai vu arriver il y a une quinzaine de jours un jeune couple en consultation, cernés, épuisés … par leur jeune Labrador d’un an ! », raconte une vétérinaire bruxelloise sur son blog. Et de poursuivre : « On aurait pu croire qu’ils revenaient d’un mois de camp scout avec une vingtaine de gamins surexcités de 6 à 10 ans mais non … c’est un jeune couple sans enfant, malheureux propriétaires d’un Labrador hyperactif qui les use par son comportement excessif depuis son arrivée à la maison. Ils se sont dit que ça irait certainement mieux avec l’âge, mais une fois atteint l’âge d’un an, ils ont compris qu’il y avait un problème et sont enfin venus consulter. La bonne idée!

Ce chien leur a fait la totale :

– il a bouffé deux canapés,

– il a rongé deux chambranles de portes,

– il jappe à longueur de journée dans leur appartement,

– il ne dort quasi pas (à savoir qu’il saute sur leur lit à 4h du mat pour leur lécher le visage et demander pour aller jouer à la balle et que si ils ne se lèvent pas, il aboie, ce qui réveille les voisins),

– il tire en laisse, leur saute dessus en rue, court après les autres chiens, les passants, les pigeons, et tout ça en même temps, et dans des sens différents,

– ils ne peuvent pas le lâcher sans laisse parce qu’ils ont déjà tenté l’aventure une fois au Bois de Boulogne et l’ont retrouvé … à Vincennes. Il s’est déjà échappé moultes fois en sortant de chez eux, à force de faire l’andouille en sautant dans tous les sens, sa laisse s’est détachée ou son collier s’est cassé,

– et pour couronner le tout, il n’est toujours pas propre et chie encore à l’intérieur, devant la porte de leur chambre (qui n’existe plus, la porte, parce qu’il l’a rongée, elle aussi)

Pourtant c’est un chien gentil. Epuisant mais gentil. Sincèrement. Je l’ai eu une heure en consultation, un matin. Au bout d’une heure avec eux et le chien, j’étais morte. KO. Alors eux, les pauvres, je n’ose même pas imaginer… »

Filou, c’est le nom du chien dont il est question dans le rapport sus-cité, présente tous les symptômes d’un tableau clinique bien connu des vétérinaires et des éducateurs-comportementalistes : le syndrôme HS/HA (pour HyperSensible/HyperActif).

Pour reconnaître ce syndrome, écrit le vétérinaire comportementaliste Joël Dehasse (1), il faut mettre en évidence les signes suivants:

– Absence de contrôle de la morsure chez un chiot de plus de 2 mois.        

– Incapacité / difficultés à arrêter une activité. Le chiot est toujours prêt à jouer.        

– Le chiot réagit aux stimuli continuellement présents dans l’environnement (il ne s’habitue pas).        

– Diminution de la durée totale de sommeil, en général moins de 10 h (chiot) ou de 8 h (adulte) sur 24 h.

On peut ajouter 5 autres critères (2) :

– Activité motrice hypertrophiée (l’animal ne tien pas en place).

– Destructions : en général spectaculaires, en présence ou en absence des maîtres.

– Stéréotypies : tourner autour de sa queue de manière obsessionnelle, par exemple.

– Satyriasis (excitation sexuelle hypertrophiée).

– Absence de satieté.

 

Deux stades sont distingués :

Au stade 1, le syndrome HS/HA nécessite la présence 4 critères sur la dizaine énumérés plus haut : absence de contrôle de la morsure, incapacité à arrêter une activité, hypervigilance et hypermotricité.

Au stade 2, il faut au moins réunir les 4 critères précédents et ajouter l’absence de satieté et l’hyposomnie.

Le pronostic de ce trouble du comportement très envahissant pour toute la famille est fonction de l’âge. Plus l’animal est jeune et plus ses chances de récupération sont grandes. Au-delà de la puberté, on ne pourra viser qu’une amélioration générale, une atténuation du tableau clinique, sans toutefois parvenir à un retour à la normale.

La thérapie de ce syndrome s’envisage sur le long-terme : entre 6 et 9 mois, et associe un traitement pharmacologique et une thérapie comportementale dans laquelle on entreprendra une acquisition des autocontrôles, la mise en place d’un cadre hiérarchique strict, une mise en cohérence de la communication maître-chien et une thérapie par le jeu.

Jérôme Neu

(1) http://www.joeldehasse.com/articles/lsi/15.html

(2) Mège C., Beaumont-Graff E., Béata C., Diaz C., Habran T., Marlois N., Muller G., « Pathologie comportementale du chien« , Abrégés vétérinaires coll., Masson ed., Paris, 2003.

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